Le rôle des méthodes dans le BTP est de fournir un conseil technique à l’encadrement de chantier en vue d’optimiser :
- le coût de la construction,
- l’efficacité de la production,
- la sécurité des travailleurs et de l’environnement du chantier,
- la satisfaction du client.
L’atteinte de ces objectifs passe donc par l’optimisation :
- des principes constructifs,
- des modes opératoires,
- de la planification,
- de la productivité,
- de l’emploi du matériel,
- des matériaux mis en œuvre,
- de l’organisation de chantier.
Les méthodes en phase d’étude de prix
Nous l’avons vu, le travail de méthodes débute au stade de l’étude de prix, c’est-à-dire en phase DCE (Dossier de Consultation des Entreprises).
Le premier rôle des méthodes au cours de cette phase est de fiabiliser l’offre de prix, au moins pour les frais de chantier. Quel sera le budget de coffrage, de main d’œuvre, d’installation de chantier ? Autant de points à budgétiser pour aboutir à un prix fiable. Mieux vaut ne rien oublier.
Savoir que son prix est fiable, même s’il est trop élevé, permet de connaître exactement sa marge de manœuvre et de ne pas prendre de risques incontrôlés en proposant un rabais commercial non maîtrisé.
Il faut bien comprendre où en est votre entreprise à ce stade : un client vous demande d’établir un devis pour la construction de son projet. Vous n’êtes absolument pas sûr de décrocher le chantier, vous avez en face de vous une dizaine de concurrents, et vous savez pertinemment qu’au moins l’un d’entre eux va répondre à un prix ridiculement bas car il manque d’activité.
Vous ne serez pas le moins disant, vous le savez, mais vous avez besoin de ce chantier. Votre meilleure option est alors de vendre autre chose qu’un prix : du sérieux, de la qualité, dans le but de susciter la confiance et de prendre ainsi la place du mieux disant.
Dans cette phase, le travail de méthodes est donc également commercial. Pour montrer le sérieux de votre entreprise, vous allez établir un plan d’installation de chantier, un phasage, des modélisations 3D, un planning… Tout ce qui saura attirer l’œil du client, qui n’y connaît probablement pas grand-chose aux techniques de construction mais a juste besoin d’être rassuré sur le fait que votre intention est de le satisfaire.
Nous ne sommes pas les moins chers ?
C’est normal, regardez ce que nous savons faire de mieux que les autres !
À ce stade, les missions les plus courantes sont les suivantes :
- analyse de l’ouvrage et réflexion sur les moyens d’optimisations de la structure,
- réalisation d’un métré opérationnel,
- définition des moyens d’installation de chantier, grues, centrales à béton, etc.
- définition des moyens humains : budget de main d’œuvre prévisionnel, courbe de main d’œuvre,
- définition des modes opératoires principaux et du phasage,
- établissement du planning prévisionnel d’exécution des travaux
La mission des méthodes sera plus ou moins fournie, selon la sensibilité du client à la technicité et selon la place accordée à cet aspect dans la notation de l’offre de prix, ou selon les moyens que vous êtes capable de déployer en étude.
Les méthodes en phase de préparation de chantier
Félicitations ! Votre entreprise a remporté le marché !
Bon… et bien il va falloir le réaliser ce chantier maintenant… ! Et ça ne va pas être simple : les négociations ont été sévères… Il va falloir trouver des moyens de faire des économies sur les coûts de construction. Mais pas question de massacrer l’image de l’entreprise en prenant des risques inutiles : la sécurité des ouvriers sera respectée, la qualité d’exécution sera au rendez-vous, et le client sera satisfait.
Je parle ici de faire de vraies économies, simplement en changeant certains paramètres dans l’acte de construire. Pour donner quelques exemples très concrets, vous pourriez :
- passer des poutres béton armé en poutres précontraintes pour économiser sur le budget d’étaiement,
- modifier l’amplitude de travail journalière en décalant les équipes pour enlever une des grues du chantier et économiser son coût de location ainsi que sur le salaire du grutier,
- fabriquer le béton sur place pour économiser sur le prix du mètre cube de béton,
- réduire la durée du planning pour économiser sur les frais de chantier…
C’est ce travail qu’il va falloir réaliser en phase de préparation de chantier. À ce stade, les missions les plus courantes sont les suivantes :
- mise à jour des éventuelles méthodes réalisées lors de l’étude,
- mise à jour du métré opérationnel,
- étude de la saturation de grue et définition de l’amplitude de travail,
- validation du nombre de grues,
- établissement du planning objectif,
- validation finale des modes constructifs,
- définition du phasage global et du sens de construction,
- établissement du plan d’installation de chantier,
- établissement du budget main d’œuvre,
- établissement du budget matériel,
À l’issue de cette phase de préparation de chantier, vous devez savoir exactement qui va faire quoi, quand et comment sur votre chantier. Tout doit être défini, le type de planchers, les coffrages, l’installation de chantier, l’organisation des journées, les zones de travail, etc.
Les méthodes en phase d’exécution des travaux
Votre ligne directrice a clairement été définie lors de la préparation de chantier. Vous êtes capable d’exposer un scénario clair et précis du déroulement futur de votre chantier. Non ?
D’accord, il vous manquait des informations à l’époque. Les plans ou la maquette étaient encore au stade du DCE, le client a changé d’avis sur certains points de conception, donc l’architecte va modifier la conception, le BE (Bureau d’Eudes) structure va devoir attendre avant de pouvoir modifier sa maquette et des plans…
Soyons honnêtes : oui il va falloir rependre une partie du travail fait lors de la préparation de chantier. C’est toujours comme ça. Mais généralement, les modes constructifs, le type de matériel ou encore la planification ne vont que peu changer.
Si tous vos documents sont établis et qu’il ne vous reste qu’à ajuster certains paramètres pour valider un résultat, vous aurez gagné un temps énorme. La procrastination (remettre au lendemain ce qui pourrait être fait aujourd’hui) est l’ennemie d’un chantier réussi.
Dans l’idéal, en phase d’exécution des travaux, le travail des méthodes doit se résumer aux missions suivantes :
- établissement des cycles de réalisation,
- établissement des plans de mise en œuvre (passerelles, étaiement, calepinages),
- optimisation de l’emploi du matériel,
- suivi des budgets main d’œuvre et matériel,
- mise à jour de modes opératoires spécifiques.
Vous l’aurez compris, le travail des méthodes en phase d’exécution sert principalement à maintenir le cap sur les objectifs fixés lors de la préparation de chantier.
Les méthodes après la fin des travaux
Oui, le travail de préparation de chantier commence aussi à la fin du chantier !
On parle ici de « feed-back », de « retour sur expérience » ou encore de « capitalisation ». De quoi s’agit-il ?
Il est important de comprendre que votre entreprise ne fait pas que produire. Elle possède une histoire, des références et un savoir-faire qui lui sont propres. Tout ce bagage se constitue a posteriori, grâce à une analyse du travail produit.
Outre la constitution d’un savoir faire, cette phase de feed-back doit servir à communiquer dans l’entreprise. Les différents services n’ont pas du tout les mêmes expériences ni les mêmes façons de raisonner et de quantifier le travail nécessaire à la réalisation d’un ouvrage.
Les études de prix et les travaux ne parlent pas le même langage. Or, l’information doit passer d’un pôle à l’autre. La pérennité de votre expertise en dépend directement. Il est donc nécessaire d’adapter le discours.
Cette mission d’analyse s’effectue à la fin du chantier. Les buts principaux sont ici de :
- dégager les points positifs et négatifs des principes de réalisation retenus sur le chantier,
- ressortir des temps unitaires liés à ces modes opératoires,
- réaliser le bilan de fin de chantier,
- mettre à jour la base de modes opératoires de l’entreprise.
C’est lors de cette phase que posséder un service méthodes est d’un intérêt majeur.
Ce service est apte à comprendre les deux langages (travaux et études de prix) et à servir ainsi de vecteur/traducteur de savoir-faire dans l’entreprise.
L’origine des méthodes dans le BTP
La révolution industrielle et l’organisation du travail
La quête de productivité du travail remonte à la deuxième révolution industrielle en fin du 19e siècle. Les économistes refondent alors complètement le processus productif.
Toutes les entreprises recherchent l’efficacité optimale. Et c’est l’ensemble du tissu économique de l’époque, majoritairement industriel, qui se retrouve autour d’une Organisation scientifique du Travail (O.S.T.) telle que définie par Frederick Winslow Taylor.
Différentes formes d’organisation de travail se développent alors comme le Taylorisme, le Fordisme ou le Toyotisme. Le Taylorisme ne laisse aucune place à l’improvisation. C’est ce qui a causé son échec dans le BTP. Un chantier n’est pas un atelier : il n’est pas fixe, les ouvrages évoluent, les techniques de production doivent évoluer en conséquence.
Le BTP ne pourra jamais être organisé comme l’industrie. Cependant, après les 30 Glorieuses, on a pu noter un mouvement de rationalisation dans le BTP, sur les chantiers des grandes entreprises.
Les débuts de la rationalisation du travail
Après la Seconde guerre mondiale, la nature des ouvrages a évolué. La construction de masse est née : logements collectifs, bureaux… Cette hausse de production a été couplée à une hausse de la technicité. Le BTP s’est alors doté de plus de personnel en études et en encadrement de chantier, mais en maintenant la quantité d’ouvriers.
Les années 70-80 ont été marquées par plusieurs secousses : crise économique, chocs pétroliers, qui ont marqué une rupture importante : la diminution du nombre d’ouvriers sur les chantiers, causée par une baisse de la production et une hausse de la concurrence. Le Grenelle 1968 a abouti à une hausse des salaires, dans une période où il était impossible de reporter cette hausse sur le prix de la construction.
Les services de méthodes dans le BTP sont nés. L’objectif n’était pas d’enlever toute autonomie à la production (comme dans les modèles Tayloristes) mais de mettre fin à l’improvisation en organisant les chantiers.
Aujourd’hui les méthodes semblent commencer à trouver leur rôle : de nombreuses entreprises de gros œuvre utilisent leurs services. Le BTP s’organise, le travail se rationalise.
Conclusion
Les méthodes sont un des rares services qui soient amenés travailler à la fois avec les commerciaux, les études de prix, les chefs de projets et l’ensemble des opérationnels, du directeur de travaux au chef d’équipe.
Il est donc indispensable d’avoir une bonne vision du fonctionnement global de l’entreprise, des missions de chaque service et des relations entre eux car il faudra adapter votre discours et vos documents en fonction de leur attentes et de leur objectifs…
responsable bureau des méthodes dans une entreprise de production des armatures coupées façonnées au maroc .
merci pour ce partage d’information .