On appelle « mode opératoire » la représentation graphique d’une procédure de réalisation d’un ouvrage. Etablir un mode opératoire revient donc à transposer sur le papier le travail des ouvriers, en tout cas tel qu’il doit être fait pour respecter :
- leur propre sécurité et celle des autres,
- les « règles de l’art » définies par les plans et les DTU,
- les cadences de travail imposées par le planning,
- l’environnement,
Une obligation réglementaire
La réglementation dans le domaine de la santé et de la sécurité au travail concernant le secteur du BTP découle pour l’essentiel du code du travail et des directives européennes transposées dans notre législation nationale.
L’employeur est responsable :
- de la santé et de la sécurité des salariés de son entreprise. Il est donc chargé de préserver leur santé physique et mentale et leur sécurité,
- des dommages causés à des tiers par sa faute, du fait de ses salariés ou des choses qui sont sous sa garde,
- du respect des préconisations des bureaux d’études techniques et de contrôle concernant la réalisation des ouvrages à sa charge,
Sur ces points, l’employeur a une obligation de résultat. C’est-à-dire qu’il doit non seulement prendre les mesures de préventions qui s’imposent, mais sera également tenu responsable en cas de non respect de celles-ci.
De ce fait l’employeur du BTP doit anticiper l’ensemble des situations à risque et présenter dans son Plan Particulier de Sécurité et de Protection de la Santé (PPSPS) les mesures retenues pour y répondre, généralement sous la forme de « modes opératoires ».
Quelle forme prend le mode opératoire ?
La réglementation n’impose pas de forme, l’important étant bien-sûr le contenu. Communément, le mode opératoire est présenté sous une des formes suivantes :
- une cinématique représentant les différentes phases de la réalisation d’un ouvrage,
- une planche unique en cas de travail en une seule phase,
Il s’agit ici de se mettre en mode « pause » sur les étapes cruciales de la réalisation d’un ouvrage et de détecter l’ensemble des risques qui en découlent, en respectant la règle : 1 risque = 1 solution.
L’employeur se doit d’être parfaitement exhaustif et précis sur ses modes opératoires. En cas d’accident sa responsabilité est de toutes les façons engagée par son obligation de résultat. Mais si en plus l’accident s’est produit sur un point omis ou négligé, le jugement sera alors bien plus sévère car il s’agit d’une mise en danger de son personnel.
Une réflexion complète
Anticiper l’ensemble des situations à risque impose d’avoir une parfaite connaissance des procédures de réalisation des ouvrages. Il est donc fortement recommandé que le PPSPS soit établi par l’encadrement de chantier lui-même et non pas délégué.
La démarche n’est pas simple car il ne faut pas s’arrêter aux grandes lignes mais il faut bien regarder l’ensemble des phases intermédiaires telles que :
- la mise en place du matériel secondaire, indirectement lié à la réalisation de l’ouvrage (ex : la passerelle pignon pour réaliser un voile de façade)
- le cheminement des ouvriers à tout moment (ex : comment l’ouvrier va-t-il ferrailler ce voile ? échafaudage ? comment l’amène t’on sur la passerelle …?)
- le repli du matériel après réalisation (ex : comment l’ouvrier retourne t’il sur la passerelle pour décoffrer le voile ?)
Un mode opératoire doit donc être systématiquement validé par le chef de chantier et si possible par les chefs d’équipes.
Le dessin du mode opératoire
Le dessin de votre mode opératoire doit représenter au minimum les points suivants :
- les ouvrages déjà réalisés,
- les contraintes avoisinantes impactant la réalisation de l’ouvrage,
- le matériel nécessaire à la réalisation de l’ouvrage,
- le matériel secondaire,
- la position et l’action des ouvriers,
Au-delà de cette représentation graphique, des parties textuelles doivent être présentes pour mettre en avant et expliciter :
- les particularités des ouvrages,
- les points pouvant représenter un danger,
- les matériels de sécurité ou procédures pour palier à ces points dangereux.
Votre dessin sera réalisé dans la forme la plus adaptée au contexte, soit en 2D soit 3D.
Voici un exemple de mode opératoire 3D issu d’une animation 4D réalisées par la société Freeform4D :
Tutoriel vidéo complet
Conclusion
La réflexion induite par la conception d’un mode opératoire est très précise et fait souvent l’objet d’un long travail. Afin d’assurer la pérennité du savoir et la transmission des connaissances au sein de votre entreprise, il est important que vos modes opératoires soient conservés et triés. Ils seront d’une grande utilité si dans le futur vous avez à réaliser des ouvrages selon une procédure complexe employée plusieurs années plus tôt, et vous feront gagner un temps de dessin inespéré !
Ce livre m’a BCP aidé durant la préparation de mon projet en BTS bâtiment.
Merci pour votre commentaire et ravi d’avoir pu vous être utile !